Paludisme, Information et Prévention
Le paludisme est responsable de 400.000 mort chaque année dans le monde (dont 92% en Afrique subsaharienne) et le nombre d’arrêt de travail dû à cette infection est aussi très important. Coup d’œil sur la situation.
Paludisme, malaria, fièvre des marais, c’est quoi et d’où ça vient?
Petite piqure de rappel.
Maladie infectieuse transmise par un parasite du genre plasmodium qui est transporté et propagé par la piqure de moustiques anophèles.
Le parasitique est transmis par des moustiques femelles, elles même infectées après avoir piqué un individu infecté du paludisme.
Le parasite infecte les cellules hépatiques de la victime puis circule dans le sang en colonisant les hématies (globule rouge) et en les détruisant.
La cause de la maladie a été découverte le 6 novembre 1880 a l’hôpital militaire de Constantine (Algérie) par un médecin de l’armée Française Alphonse Laveran. Et c’est en 1897 que le médecin Anglais Ronald Ross prouva que les moustiques anophèles étaient les vecteurs de la malaria. Jusqu’à cette date le « mauvais air » émanant des marécages était tenu responsable de la propagation de la maladie.
On retrouve d’ailleurs un lien étymologique avec le terme paludisme qui vient du latin Palus : marais et malaria qui est une dérive de l’italien mal ’aria : mauvais air.
Des couts
Le cout économique du paludisme est estimé à 12 millions de dollars US par an pour l’Afrique seule.
Au niveau individuel l’impact économique inclut les frais de soins et d’hospitalisation, les jours de travail perdus, les jours de présence à l’école perdus, la baisse de la productivité du aux dommages cérébraux provoqué par la maladie.
Dans certains pays particulièrement touches par le paludisme, la maladie peut être responsable de 40% des dépenses publiques de santé, 30 à 50% des patients admis à l’hôpital et jusqu’à 50% des consultations.
Selon la Ligue contre le paludisme, une famille touchée ne récolterait que 40 % de sa production agricole, du fait des journées de travail perdues. L’OMS a même calculé que le PIB africain dépasserait de 115 milliards d’euros son niveau actuel, soit 32 % supplémentaires, si l’on avait éliminé le paludisme il y a trente-cinq ans.
Sur le plan de la lutte, l’UNICEF estime que le coût moyen annuel des programmes antipaludiques dans chaque pays d’Afrique se monterait à environ 345 000 euros, soit, pour un pays de cinq millions d’habitants, moins de sept centimes d’euros par habitant.
Prévention
La prévention reste un des moyens le plus efficace pour lutter contre le paludisme pour deux raisons. La première est qu’il n’existe pas encore de vaccin même si la recherche dans ce domaine est très active. La deuxième est que les traitement curatifs existant présente un cout important pour les populations les plus pauvres.
Certains chercheurs affirment que la prévention du paludisme serait plus efficace financièrement que son traitement à long terme ; mais là encore les frais à engager sont très importants pour les plus pauvres.
L’économiste Jeffrey Sachs estime ainsi que le paludisme pourrait être contrôlé avec trois milliards de dollars américain par an. Une proposition de réaffecter l’argent pour la lutte contre le Sida vers la prévention du paludisme a été faite, ce qui bénéficierai davantage à l’économie Africaine ; à quand la mise en pratique.
Les armes lourdes
Dichloro-Diphényl-Trichloréthane, ou DDT est un insecticide puissant surtout utilisé dans les années 60. Les problèmes sont, d’une part le cout très élevé de ce traitement et d’autre part la nocivité du produit sur l’environnement. En effet le DDT a été classe par l’OMS (Organisation Mondiale de la Sante) comme Polluant Organique Persistant.
Déterminé scientifiquement on affirme que le DDT est :
– Persistant : sa demi-vie est de quinze ans, c’est-à-dire que si l’on pulvérise 10 kg dans un champ, quinze ans après, il en restera 5 kg, après trente ans 2,5 kg et ainsi de suite ;
– Dispersif : on en a retrouvé dans les neiges de l’Arctique ;
– Bio cumulatif : les animaux qui en absorbent n’en meurent pas, mais ne parviennent pas à l’éliminer. Ils le stockent dans leurs graisses et on en retrouve de grandes concentrations chez les animaux du sommet de la chaîne alimentaire. Par contre, sa toxicité est sujette à débat bien qu’une ingestion de 35 g puisse être létale pour une personne de 70 kg.
Pour remplacer le DDT, qui s’avère dangereux et de moins en moins efficace, des moyens alternatifs sont possibles afin de combattre le vecteur du paludisme.
Aménagement de l’environnement végétal et animal
Des moyens à grandes échelle tel que:
– Assèchement des marais (sans bouleverser le système écologique), drainage des eaux stagnantes où se développent les larves des anophèles (un vieux pneu abandonné et rempli d’eau par les pluies est suffisant au moustique pour y pondre ses œufs) ;
– Lutte anti-larvaire par épandage de pétrole ou d’huile végétale et utilisation d’insecticides solubles répandus à la surface des eaux stagnantes, pour tenter de limiter les naissances d’anophèles ou empêcher les larves de venir respirer à la surface. Mesures fort peu recommandables car totalement anti-écologiques ;
– Ensemencement des eaux avec des prédateurs des anophèles ou de leurs larves comme certains mollusques ou poissons (tilapias, guppys, gambusies, aphanius);
– Réintroduction, et protection, des variétés de chiroptères insectivores là où elles ont disparu (une chauve-souris peut avaler près de la moitié de son poids en insectes en une nuit);
Mais, ces mesures ne sont efficaces que sur un territoire limité. Il est très difficile de les appliquer à l’échelle d’un continent tel que l’Afrique.
Comportement et prévention individuel
Des mesures mécaniques, physiques et chimiques.
– Installation de moustiquaires (mailles inférieures à 1,5 mm) imprégnés de perméthrine ou de dérivés de pyréthrinoïde. De plus en plus ces moustiquaires sont fournies à prix très démocratiques (maximum 1,70 USD) voire gratuitement aux populations des zones d’endémie. Ces moustiquaires sont efficaces pendant 3 à 5 ans selon le modèle et les conditions d’utilisation ;
– Installation de grillage moustiquaire aux fenêtres ;
– Utilisation d’insecticides à petite échelle : pulvérisation d’insecticides intra domiciliaires (pyréthrinoïdes, DDT…) dans les habitations (chambres à coucher) ;
– Installation d’air conditionné dans les habitations pour faire baisser la température et brasser l’air (le moustique a horreur des déplacements d’air qui le perturbent dans ses déplacements et dans sa faculté sensorielle à trouver sa cible) ;
– Après le coucher du soleil : port de vêtements amples, longs et de couleur claire et abstinence d’alcool (les anophèles sont aussi bien attirés par les couleurs foncées, plus spécialement le noir, que par les vapeurs d’alcool) ;
– Application de crème répulsive sur la peau ou les vêtements dès le coucher du soleil. De tous les répulsifs de synthèse, ceux qui contiennent du DEET (N, N-diethyl-m-toluamide) sont les plus efficients. Le DEET ne tue pas les insectes mais ses vapeurs les découragent de se poser ou de grimper sur la personne.
Les répulsifs
Naturels:
– L’eucalyptus qui contiennent de l’huile naturelle d’eucalyptol ;
– La citronnelle a prouvé leur efficacité contre les moustiques ;
– Les lamiacées du genre ocimée, plante de laquelle on extrait une huile essentielle. Une étude faite en Tanzanie montre que que la protection vis-à-vis des piqûres de certains anophèles vecteurs du paludisme augmente dans 83 à 91 % des cas et inhibe, chez l’insecte, son envie de succion dans 71,2 à 92,5 % des cas.
– La famille des Amaryllidaceae, telles que les oignons et l’ail permettrait de faire diminuer le taux de piqûres de 71 à 79 % (friction sur la peau), selon une étude conduite par le Ministère santé publique Cameroun.
Action préventive/curative
La gamme médicamenteuse allopathique entre en jeu.
Traitements préventifs ;
Pour prévenir toute contamination on peut utiliser un arsenal thérapeutique de médicaments préventifs (se limitant à la chloroquine, au proguanil, à l’association pyriméthamine-dapsone, à l’association proguanil-atovaquone, à l’association chloroquine-proguanil chlorhydrate, à la méfloquine et la doxycycline) afin d’éviter l’infection en cas de pénétration du parasite dans l’organisme.
Mais en raison de l’accroissement de la pharmacorésistance parasitaire (résistance des parasites aux produits constituant l’arsenal thérapeutique) et des effets secondaires propres aux différents produits, il est de plus en plus difficile d’établir des directives chimioprophylactiques (prévenir l’apparition, la propagation ou l’aggravation d’une maladie par traitement médical chimique).
Traitements curatifs ;
La quinine orale (1,5 g/j pendant 5 jours), l’Halfan (6 cp en 3 prises à 6 heures d’intervalle), le Lariam (3 cp puis 2 cp à 8 heures d’intervalle), le Fansidar (3 cp en une prise unique).
Le Lariam, le Malarone et le Doxycycline sont les médicaments antipaludiques les plus populaires pour arrêter la propagation du parasite.
En effet, ces trois médicaments aident le système immunitaire à neutraliser le parasite Plasmodium et l’empêchent de contaminer d’autres cellules sanguines. Ces médicaments contiennent des ingrédients actifs distincts, ce qui fait que leurs effets secondaires peuvent varier les uns des autres.
La primaquine est le seul médicament qui « efface » les gamétocytes de F. falciparium chez l’homme, empêchant de ce fait la transmission du parasite aux moustiques.
Alternative
L’Artemisia, le remède naturel ?
Plante utilisée par la médecine chinoise depuis des millénaires, l’artemisia pourrait offrir une alternative “naturelle” et bon marché aux médicaments pour lutter contre le fléau du paludisme, notamment en Afrique, à condition toutefois de convaincre une communauté scientifique toujours réticente.
L’artemisia, “redécouverte” pendant la guerre du Vietnam, n’est pas une inconnue de la science moderne. En 2015, Youyou Tu est devenue le premier prix Nobel de médecine chinois pour avoir démontré l’efficacité d’une substance extraite de la plante, l’artémisinine, dans les traitements antipaludéens.
Les feuilles et les tiges de l’artemisia, ou armoise, sont broyées à l’aide de machines jusqu’à obtenir une poudre vert sombre, conditionnée en petits sachets pour infusion ou en gélules.
Depuis que les parasites à l’origine du paludisme (plasmodium) ont développé des résistances aux médicaments classiques comme la quinine, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande l’utilisation des ACT, qui associent l’artémisinine (aujourd’hui de synthèse) à une autre molécule, de type amodiaquine ou méfloquin.
En revanche, l’OMS ne recommande pas l’utilisation sous sa forme naturelle de l’artemisia.
Témoignages
L’agronome belge Philippe Van Damme, membre de l’association More for Less, entité l’origine de la création de 18 “Maisons de l’artemisia” en Afrique.
Pour Pierre Van Damme, l’industrie pharmaceutique n’a “aucun intérêt” à voir se répandre ce remède permettant pourtant “d’éradiquer toute trace du parasite” pour un coût “cinq à six fois inférieur” aux médicaments classiques et sans entraîner d’effets secondaires, tels que des troubles neurologiques ou digestifs.
Depuis les années 2000, des tests sur des centaines de personnes vivant dans des zones infectées, notamment en RD Congo et au Cameroun, ont démontré une efficacité préventive et thérapeutique allant jusqu’à 100% après sept jours de consommation de la tisane, avance le jeune Belge installé au Sénégal après ses études.
“Une fois que la personne a le paludisme, la posologie est stricte. Il lui faut 5 grammes par jour dans un litre d’eau” pendant sept jours, dit-il, citant une demi-douzaine d’études. Sous la forme de gélules, “c’est trois le matin, trois le midi et trois le soir”. Pour 2.500 francs CFA (3,75 euros), on peut suivre un traitement d’une semaine ou une cure préventive d’un mois.
Un autre témoignage ;
A Dakar, la Dr Aissatou Touré, la directrice de l’unité d’immunologie de l’Institut Pasteur, met en garde contre l’utilisation inconsidérée de l’artemisia.
“Prendre régulièrement une infusion, c’est une chose. Mais l’utiliser pour traiter un enfant en train de faire un accès de paludisme, ce n’est pas la même problématique”, confie-t-elle, en balayant l’argument économique, en tout cas au Sénégal, où le traitement du paludisme est “gratuit et accessible”.
“Ne jouez pas avec la vie des gens. Le palu, ça peut aller très très vite. Un accès non traité correctement peut en deux jours se transformer en accès grave et entraîner la mort”, rappelle-t-elle en s’adressant aux centres de santé. En cas de maladie déclarée, “je pense qu’il serait sage d’utiliser des traitements reconnus comme efficaces. Maintenant, si vous voulez, en plus, ajouter autre chose, libre à vous”.
Sources : Wikipédia/ Sciences et Avenir
Edité par NOIAA Ltd, le 05/03/19